Sixième Dialogue :

Une révolution des données environnementales ?

En octobre 2020, lors du lancement de la stratégie des Nations unies en matière de données pour l’action de tous, partout, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que “les données fiables nous aident tous à comprendre un monde en mutation”. Les changements induits par les technologies numériques sont en effet profonds et vont de l’économie à l’environnement. Ce dernier a gagné en importance dans le monde entier avec la sortie du Green Deal européen, mais aussi avec les récentes publications des stratégies nationales allemande et française sur les questions environnementales soulevées par les technologies numériques. Dans le cadre de notre transition vers une économie plus circulaire, les données peuvent jouer un rôle dans toutes les phases du cycle de vie d’un produit, comme l’indique l’initiative Digital Product Passport.

Les données environnementales sont indispensables pour atténuer le changement climatique. Si l’on peut avoir l’impression qu’il s’agit d’une évolution récente, les organisations internationales, à savoir l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont travaillé ensemble depuis le début des années 1970 pour recueillir des données et surveiller la pollution atmosphérique mondiale. D’autres parties prenantes ont également progressé vers un mode de fonctionnement plus durable.

Un exemple plus récent vient du secteur du commerce, montrant que les données jouent un rôle clé dans un commerce transparent et respectueux de l’environnement. Par exemple, la plateforme Trase relie des sources de données indépendantes, révélant les flux commerciaux de produits de base tels que le bœuf, le soja et l’huile de palme, qui sont responsables d’environ deux tiers de la déforestation tropicale. Un meilleur accès aux données et l’amélioration de leur flux peut également garantir une plus grande transparence de la chaîne d’approvisionnement, une meilleure traçabilité et, finalement, un commerce de biens et de services plus résilient.

Les efforts visant à utiliser les données pour freiner le changement climatique ont donné lieu à de nombreuses autres initiatives internationales en matière de données vertes, notamment Copernicus, Aqueduct et Global Forest Change de l’UE, pour n’en citer que quelques-unes.

Cela dit, les données contribuent également à une bonne part de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. On estime que 7 000 centres de données, situés dans le monde entier, consomment 2% de l’électricité mondiale. Les prédictions montrent que cette consommation devrait passer à 8% d’ici 2030. À titre de comparaison, en 2018 la consommation d’électricité résidentielle mondiale s’élevait à 26,9 %. Une solution potentielle à ce problème consiste à alimenter les centres de données avec des énergies renouvelables, une approche qui a déjà été adoptée par les géants de la technologie. À cette fin, Microsoft, par exemple, a annoncé carbone négatif d’ici 2030. En outre, les opérateurs de centres de données et les associations professionnelles de l’UE ont convenu de rendre les centres de données neutres sur le plan climatique d’ici à 2030, afin d’assurer un avenir durable à la région.

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